Peut-on travailler avec une scoliose ? Ma position est claire

Oui, on peut travailler avec une scoliose… mais pas à n’importe quelles conditions. Je le dis d’emblée, sans détour. Une scoliose ne condamne absolument pas à arrêter de travailler. En revanche, maintenir exactement les mêmes conditions de travail qu’une personne sans scoliose, en particulier lorsqu’on reste debout plusieurs heures, est rarement viable à long terme.

Ce que change réellement la scoliose au travail

La scoliose n’est pas seulement un « dos un peu tordu ». C’est une déformation structurelle de la colonne, en trois dimensions, qui peut entraîner fatigue musculaire, douleurs récurrentes, perte d’endurance posturale et parfois des limitations physiques.

Cela ne signifie pas que l’on ne peut pas travailler. En France, aucune profession n’est formellement interdite aux personnes scoliotiques. Par contre, la tolérance à l’effort statique est souvent plus faible, et certaines postures – notamment la station debout immobile – fatiguent beaucoup plus vite.

Le vrai problème : ni debout, ni assis… mais immobile

Contrairement à ce qu’on entend parfois, ce n’est pas la position debout en elle-même qui pose problème : c’est le fait d’y rester immobile. La posture figée bloque la circulation, surcharge les muscles stabilisateurs et augmente la pression sur certaines zones du rachis déjà fragilisées par la scoliose.

Rester assis des heures n’est pas mieux. La sédentarité, qu’elle soit debout ou assise, reste délétère. La clef, surtout pour une scoliose, est la variation régulière des postures.

Peut-on travailler debout avec une scoliose ?

Oui, dans la majorité des cas

Au quotidien, une personne ayant une scoliose peut très bien travailler debout si sa douleur est stable, si elle dispose d’aménagements adaptés et si son poste permet suffisamment de variations de posture. Beaucoup de professionnels (vendeurs, soignants, coiffeurs, artisans…) exercent sans problème majeur.

Mais il existe des situations où je déconseille la station debout prolongée

Une scoliose sévère, une douleur persistante malgré les soins, une perte de force, des fourmillements, ou un épuisement physique extrême en fin de journée doivent alerter. Dans ces cas-là, la station debout prolongée devient non seulement inconfortable, mais potentiellement risquée pour la santé à long terme.

Comment rendre un travail debout compatible avec une scoliose ?

1. Adapter le matériel

Quelques ajustements matériels peuvent faire une grande différence :

• Tapis anti-fatigue ou semelles amortissantes pour diminuer la pression au sol
• Chaussures confortables, stables et bien amorties
• Chaise ergonomique pour alterner debout et assis afin de réduire la fatigue
• Plan de travail à bonne hauteur pour éviter de se pencher ou de hausser les épaules

2. Organiser sa journée différemment

L’objectif n’est pas d’éviter de travailler debout, mais d’éviter d’y rester bloqué pendant de longues périodes. Une règle simple : toutes les 45 à 60 minutes, il doit se passer quelque chose : marcher quelques pas, changer de tâche, lever une jambe sur un repose-pied, étirer légèrement le dos.

La rotation des postes, quand elle est possible, est également un allié précieux.

3. Utiliser les micro-mouvements

De petits ajustements discrets suffisent souvent à réduire la fatigue : transférer le poids d’un pied à l’autre, mobiliser légèrement le bassin, ouvrir la poitrine, relâcher les épaules, respirer profondément, étirer les mollets pendant quelques secondes.

Ce n’est pas une séance de sport, mais une manière de maintenir la colonne vivante et adaptable.

Lectures complémentaires : Travailler debout au bureau : bonne idée ou fausse promesse ?

Métiers debout, métiers assis : comment s’orienter quand on a une scoliose ?

Je ne crois pas qu’il faille imposer aux personnes scoliotiques de choisir des métiers assis. Certains métiers debout sont parfaitement tenables, tandis que certains métiers assis peuvent être tout aussi délétères pour la colonne.

Le critère le plus important n’est pas la position dominante du poste, mais la liberté de varier les postures et la capacité de l’environnement de travail à accepter des aménagements raisonnables.

Quand consulter ?

Il faut demander l’avis d’un médecin ou d’un spécialiste du dos si :

• la douleur augmente malgré les ajustements
• la douleur réveille la nuit
• des fourmillements, une faiblesse ou une irradiation apparaissent
• la posture debout devient tellement difficile que vous modifiez votre manière de marcher

Le médecin du travail est également un allié essentiel : il peut proposer ou imposer des aménagements du poste, voire recommander un changement temporaire d’organisation.

Et la RQTH ?

La Reconnaissance de la Qualité de Travailleur Handicapé (RQTH) est utile lorsque la scoliose gêne durablement l’activité professionnelle. Ce n’est pas un aveu de faiblesse : c’est un outil permettant d’obtenir des aménagements, du matériel adapté, une meilleure organisation du travail, ou un soutien spécialisé.

FAQ : Questions fréquentes sur la scoliose et le travail debout

Est-ce que travailler debout peut aggraver une scoliose existante ?

Pas automatiquement. Ce qui aggrave réellement la douleur et la fatigue, ce n’est pas la station debout en soi, mais le fait d’y rester immobile trop longtemps. Une scoliose supporte généralement mal les postures figées. Avec des aménagements (pauses, variations de posture, chaussures adaptées), travailler debout n’est pas un facteur d’aggravation dans la plupart des cas.

Combien de temps peut-on rester debout quand on a une scoliose ?

Il n’existe pas de durée universelle, car chaque scoliose est différente. Mais en pratique, beaucoup de personnes tolèrent bien des périodes de 45 à 60 minutes debout, suivies d’un changement de posture ou d’un mouvement. L’essentiel est d’éviter de dépasser ses limites silencieusement jusqu’à ce que la douleur « explose » en fin de journée.

Est-ce que le travail assis est préférable pour une scoliose ?

Pas forcément. Le travail très assis peut être tout aussi pénible, voire plus, qu’un travail debout, car il impose une sédentarité prolongée. Le vrai confort pour une scoliose vient de l’alternance : assis, debout, marche, étirements légers. Un poste 100 % assis n’est pas une solution miracle.

Conclusion

On peut travailler debout avec une scoliose, mais certainement pas en restant figé, mal chaussé, sur un poste inadapté. Une scoliose n’interdit pas de travailler ; ce sont les conditions de travail rigides, non aménagées, qui deviennent invivables.

Il faut arrêter de dire : « Tu as une scoliose, ce métier n’est pas pour toi ». La vérité, c’est plutôt : « Si ton employeur refuse d’adapter ton poste, c’est peut-être ce lieu de travail qui n’est pas fait pour toi ». Et ça change tout.